C’est bien sur l’entre-deux que se concentre ce livre. Entre la terre et la mer se trouve la plage puis l’estran, cette zone déployée une fois la marée retirée et alors sollicitée par les pédagogues en classes de mer. Ce territoire est considéré comme un espace de frontière, d’échange mais avant tout de rencontre entre l'enfant et le milieu. À travers sa recherche-action, Cottereau développe une réflexion sur l’alternance entre la pédagogie rationnelle (scientifique) et une pédagogie de l’imaginaire (se déchargeant des excès d’intention et d’objectifs d’apprentissage) composant les activités du séjour. Il y a pour elle une incohérence pédagogique à vouloir sensibiliser à la préservation de l’environnement et à sa compréhension sans permettre aux jeunes de vivre le milieu par leur sens, leur imaginaire, leurs émotions. Elle expose dans ce livre les résultats de son analyse qualitative qu’elle ne cache pas de subjective puisqu’elle est elle-même pédagogue dans le contexte de l’étude. Sur base d’entretiens, d’observations et de textes libres produits par les enfants lors de leur séjour, se dressent 3 profils de jeunes et de leur relation singulière au milieu maritime. L’un témoigne d’une rupture singulière avec le milieu liée à une pédagogie exclusivement objective et rationnelle. L’autre, grâce à l’alternance de l’objectif et du subjectif témoigne après une déstabilisation du plaisir ludique vécu dans cet entre-deux. La dernière, dans cette même alternance, fait place à son imaginaire et tisse une relation intime avec le milieu. Quant à la forme du récit, l’écriture s’entremêle au propos en alternant elle-même entre poésie et analyse. M.K.
« Pour [l’autrice], un postulat, celui de l'importance de l'affectif dans cette relation de l'être à la nature. L'enfant doit avoir du temps pour vivre pleinement son milieu, il bénéficiera de certains moments de rencontre libres afin d'établir une relation personnelle avec l'environnement avant de pouvoir envisager des actions à mener en sa faveur. (…) Dominique Cottereau prône ainsi une écoformation qui ne transforme pas les pédagogies existantes, mais qui mette en valeur des formes éducatives trop souvent accessoires telles « l'imaginaire créateur, le sens du jeu, l'écoute sensible des éléments ». [commentaire de Marie-Claire Domasik-Bilocq, dans la revue Éducation relative à l'environnement : Regards - Recherches - Réflexions, Vol. 3 | 2002]